Entre « village » et « tuilerie »
Ménétreux se dédouble



   Ménétreux-le-Pitois, commune du canton de Venarey-Les-Laumes, prend deux nouvelles dénominations : le Village (pour la partie haute) et la Tuilerie (pour la partie basse). Les faits sont là, les panneaux d’entrée au village ont été changés. Pourquoi ?
   Mr René BOILLOT , maire de Ménétreux-le-Pitois, et son conseil municipal ont pris la décision par délibération, il y a juste deux ans, de donner un nom aux deux hameaux du village.
   Cela évitera les confusions ! Les deux facteurs qui desservent le village « double »apprécieront le confort de ces deux précisions ; cela évitera bien des kilomètres en plus lors des tournées.
   Enfin, cela gardera aussi en mémoire, pour les générations futures, le souvenir de l’ancienne tuilerie qui occupa Ménétreux-le-Pitois.
   Les anciens du village parlent encore entre eux du « village nègre » ; c’était l’équivalent d’un coron autour de la tuilerie.
Tout a commencé vers 1850 ; la date est imprécise, il existe peu de documents sur le sujet. La tuilerie de Ménétreux-le-Pitois est de taille moyenne et compte huit employés en 1850.

Dix heures par jour à la fournée

   Quarante mille pièces sont produites par fournée. En un semestre, l’usine sortira 120 000 pièces en trois fournées. Les mois d’hiver sont trop durs pour la cuisson. Les ouvriers se consacrent alors à la préparation de la terre ; mais le chiffre de production ne peut pas augmenter.
   En 1864, le nombre d’employés double : quinze personnes travaillent à la tuilerie. Ainsi 100 000 pièces seront produites en un trimestre.
En 1882, 40 ouvriers travaillent en belle saison et 30 en hiver. Le capital de la maison est alors de 40 000 Francs.
   En 1886, la réglementation du temps de travail apparaît en étudiant les livres des comptes des tuileries. Il existait des tuileries à Venarey, à Montbard…. La tuilerie de Ménétreux faisait figure de pionnière avec dix heures de travail journalier contre douze heures dans les usines voisines. Toutefois, le nombre d’ouvriers ne cessera de diminuer, jusqu’à 21 personnes, y compris les hommes, femmes et enfants. A la fin du siècle dernier, c’est la famille Clemencet qui dirige les établissements.

Le village nègre

   Comme à Venarey, des logements ouvriers ont été construits avec les matériaux maison. Les tuiles, les briques permettent de bâtir, autour de l’usine, le long du CD 905….un vrai « coron ». Ce sera le fameux village nègre auquel les anciens font allusion.
   Il exista aussi un village allemand où les ouvriers allemands furent logés.
   Vers 1910, l’usine est la propriété de M. Louis PUIFFERAT.
   La tuilerie de Ménétreux est ensuite reprise par un grand groupe : l’Union des entrepreneurs, qui gérera l’usine jusqu’en 1935, date de sa fermeture.
A ce moment là, la tuilerie de Ménétreux, devenue aussi école de poterie, s’est spécialisée dans des pièces particulières : épis de faîtage, balustres, conduits de cheminée…..

Tout disparait par le feu

   La production sortant des usines était acheminée par camion jusqu’au canal et transbordée sur des péniches ou convoyée vers la gare des Laumes. La tuilerie de Ménétreux-le-Pitois a connu une période faste avant d’être abandonnée après guerre.
   C’est M. Jean-Claude PISSOT qui acquit les bâtiments où il installa son magasin d négociant en matériaux. Un incendie, il y a une dizaine d’années, détruisit les bâtiments de l’ancienne tuilerie. Aujourd’hui, seules quelques structures en briques témoignent du passé.

Source: Mme Yolande COENT